Être acteur d’un territoire apprenant, une journée de la Fête des apprentissages riche et apprenante !
L’évènement était co-organisé par l’association Printemps de l’entreprise et le Comité Mondial pour les Apprentissages tout au long de la vie (CMAtlv) et s’inscrivait dans la programmation de la Fête des apprentissages qui se déroulait à Vannes du 3 au 14 octobre 2022.
Cette journée était articulée autour de trois points d’appuis successifs :
- Des ateliers de production d’idées d’actions de territoire (partir d’un commun imaginé)
- Des retours d’expérience de valorisation des apprentissages (exemples vécus concrets)
- Des témoignages d’acteurs à l’international (s’inspirer et prendre de la hauteur)
Un « territoire apprenant », quésaco ?
Y aurait-il derrière ces deux mots une belle idée développée par de doux rêveurs !?
Les sources d’inspiration sont nombreuses sur cette idée qu’un territoire peut apprendre et que ses habitant sont les premiers bénéficiaires de cette faculté.
La notion de « planète apprenante » proposée par François Taddei, le réseau mondial des villes apprenantes animé par l’UNESCO ne sont pas que des idées en l’air… alors l’association Printemps de l’entreprise s’est donnée comme raison d’être de promouvoir un territoire apprenant sur le Pays de Vannes.
Et l’ambition est de faire de cette raison d’être quelque chose de palpable, de concret et qui concerne chaque citoyen du territoire.
Ainsi, l’évènement du 11 octobre 2022 restera gravé comme un temps d’appropriation où chacun a pu mettre des mots, des représentations sur cette notion de « TERRITOIRE APPRENANT ».
D’emblée, le titre de cette journée indique que nous nous plaçons sous le signe de l’ACTION.
Trois ateliers productifs menés simultanément
Dès le matin, il est proposé aux 50 personnes conviées aux ateliers d’être « acteurs d’un territoire apprenant ». Trois thématiques sont retenues, correspondant à trois domaines dans lesquels l’association a choisi d’œuvrer pour favoriser la dynamique de territoire par la création de liens entre acteurs :
- les compétences actuelles et futures,
- les transitions,
- la citoyenneté.
Sur ces trois domaines, le champ des apprentissages est immense…
Restitution des ateliers : 12 idées d’actions sont retenues
Ce temps consacré au partage des productions du matin est animé par Patrick Waeles, Vice-président du CMAtlv ; les rapporteurs des trois ateliers racontent ce qui s’est passé le matin, les questionnements, les bouillonnements d’idées, puis la convergence du collectif sur des propositions d’actions concrètes.
Les transitions environnementale et numérique sont au cœur des réflexions, les enjeux de citoyenneté sont majeurs et donnent aux acteurs l’envie d’agir… on parle d’une roulotte, d’un café citoyen, d’un media des bonnes nouvelles, de kits éducatifs, d’une instance citoyenne, d’un Hub numérique territorial, d’un Ecopass… certaines idées ne sont pas nécessairement innovantes mais elles sont toutes porteuses de sens et d’utilité pour le territoire.
La question des compétences est omniprésente : comment créer des ponts pour donner accès à la formation, comment expérimenter de nouveaux métiers, identifier les besoins et anticiper collectivement pour demain ?
Au final, ce sont 12 idées d’actions concrètes qui ont été retenues sur les trois ateliers et qui seront soumises à arbitrage à venir ; la priorité sera donnée aux actions qui favoriseront la création de liens entre les différentes catégories d’acteurs du territoire, à l’échelle du Pays de Vannes.
Table ronde n°1
Des outils pour valoriser les compétences et pour faire territoire apprenant
Animée par Patrick Waeles (CMAtlv), cette table-ronde a pour objectif de croiser les retours d’expérience sur différents outils de valorisation des compétences.
Comment faire valoir son expérience, comment la valider ?
Les présentations et les échanges ont été extrêmement riches, il serait impossible d’en restituer ici l’intégralité ; nous partageons ici l’angle de vue de chacun des intervenants :
Gilles Pinte (UBS), enseignant chercheur en sciences de l’éducation à l’UBS, spécialiste de la « Validation des Acquis de l’Expérience » (VAE, dont on célèbre cette année les 20 ans).
La référence à la validation formelle reste prédominante (système éducatif, certification professionnelle…), il faut donc tenter d’explorer d’autres voies. La validation des acquisitions informelles reste la boite noire, nous sommes devant des défis d’ordre conceptuels, mais aussi méthodologiques pour y arriver.
Et la difficulté reste bien souvent que la validation n’implique pas nécessairement la reconnaissance par l’employeur.
Murielle Moujeard (CICB), « Badgeons la Normandie »
Les badges numériques constituent une métadonnée enrichie qui permet de valoriser la diversité des contextes dans lesquels une compétence a été mise en œuvre par le porteur du badge.
Accessibles à tous, ces badges permettent de valider la compétence par ce qu’on a fait.
Maëlle Vimont-Broch, « Badgeons les Pays-de-la-Loire »
Les badges ont tout leur sens dans le cadre d’une reconversion ; ils permettent de partager un langage commun entre des lieux aussi différents qu’un FabLab, un Lycée agricole ou l’Université.
Mais si le badge est une clef, il reste encore des serrures et des portes à positionner !
Laurence Martin, APP - Ateliers de Pédagogie Personnalisée
La démarche développée par les APP consiste à valoriser les compétences transversales des personnes accompagnées, en les remettant au centre de leur parcours. L’accent est mis sur sa capacité d’apprendre à apprendre et à s’adapter.
L’enjeu de créer des outils qui permettront de mettre en visibilité ce que les personnes savent faire, dans une conception de multi-compétences, associée aux preuves de mobilisation de ces compétences.
Les APP ont mis en œuvre un projet intitulé « Reconnaissance » qui met en œuvre des badges, en lien avec un écosystème de structures qui les prennent en compte.
Alexandra Lion, chargée de mission Evry-Courcouronnes, Ville apprenante du réseau UNESCO
Au travers de sa participation au réseau UNESCO, la commune d’Evry-Courcouronnes s’est engagée dans une démarche axée sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) et sur le droit à l’éducation.
La ville a mis en place un Comité des ambassadeurs qui visent l’émancipation des personnes, dans une démarche « militante », au regard des défis à relever par certaines populations.
Le grand bazar est un projet culturel qui valorise et scénarise la diversité des expertises puisées au sein des quartiers de la ville.
Virginie Piedefer, société Baxter (Hill-Rom)
L’entreprise Baxter fait partie des premières à être labellisées TERDESKIN – label Territoire apprenant, qui reconnaît l’engagement des entreprises dans une démarche favorisant les compétences en son sein et pour le territoire, sur la base d’un référentiel partagé.
Baxter vient d’ouvrir son propre centre de formation en s’appuyant sur les compétences présentes dans l’entreprise, dans une démarche de transfert et de partage des savoir-faire.
Ce dispositif prend tout son sens notamment pour les salariés en fin de carrière dans une logique de transmission.
Table ronde n°2
La notion de "Territoire apprenant" dans le monde
Animée par Alexandre Ginoyer, président du CMAtlv, cette seconde table ronde propose une prise de hauteur en s’intéressant aux démarches de territoire apprenants à l’international.
Le CMAtlv, Comité Mondial sur les Apprentissages tout au long de la vie, est une association qui participe à différents projets européens et aux travaux de l’UNESCO sur les questions d’éducation.
Alain Tobelem – CTMC (Chine)
La notion d’apprentissage tout au long de la vie est une notion traditionnelle dans la culture chinoise.
CTMC a mis en place un parcours de management (MBA / DAB) pour former des chefs de file de « territoire apprenant », au sein de leur entreprise ; ils sont fédérateurs de connaissances.
Marie Macauley, UNESCO - animatrice du réseau des villes apprenantes (UIL - UNESCO Institute for Lifelong Learning)
Le réseau qui compte aujourd’hui 294 villes apprenantes est une source d’inspiration et un lieu d’échange de pratique sur tout ce qui favorise l’éducation inclusive et permet de raviver les apprentissages tant au sein des familles que des entreprises.
L’UNESCO fédère les villes autour de groupes de travail thématiques, mais aussi de conférences qui rassemblent des centaines de participants.
Aboubakar Diaby, adjoint au Maire de la ville de Bouaké (Côte d’ivoire)
La ville de Bouaké fait partie du réseau des villes apprenantes de l’UNESCO.
Une action majeure a été déployée par la ville pour l’alphabétisation des femmes, visant à leur autonomisation ; à ce jour 1 000 femmes ont pu en bénéficier. Ce projet a pu être déployé notamment grâce à un partenariat avec la ville d’Ifram (Maroc).
Denis Cristol – chercheur associé à Paris Ouest Nanterre
Une personne engagée qui se forme a une capacité à transformer son milieu, dont il est partie prenante.
On voit, dans le réseau des villes apprenantes, un « Territoire apprenant » permet la production d’un commun qui dépasse les intérêts individuels.
Attention, le terme « apprenant » est aujourd’hui mis à toutes les sauces
L’apprenance est une démarche qui renvoie au désir d’apprendre et nécessite à la fois un « pouvoir apprendre », un « vouloir apprendre » et un « savoir apprendre ».
Et vivre, c’est apprendre.
Faire territoire apprenant, c’est s’assurer que l’individu peut exprimer son désir d’apprendre et qu’il peut infléchir le territoire sur lequel il est.
Le territoire est un pouvoir d’imagination, pas uniquement une projection associée à l’équipement mis en place par une politique publique.
Il doit y avoir une logique plus horizontale dont les individus puissent se saisir.
A l’idée de territoire apprenant, créateur de liens entre les acteurs, on peut associer trois notions :
- la reliance : ce qui fait lien,
- la liance : la qualité des liens, leur approfondissement,
- l’alliance : qui traduit l’effort continu qui vise à soutenir ceux qui ont des projets.
On apprend seul, mais jamais sans les autres.
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Voir le replay des tables-rondes "Être acteur d'un territoire apprenant" :
